On dit souvent que l’art sauve. Pour moi, ce n’est pas qu’une belle phrase toute faite : c’est une vérité. L’art m’a tendu la main plusieurs fois dans ma vie, dans ces moments où je pensais sombrer, où je me sentais étouffée par ce que j’avais vécu.
Au secondaire, j’étais déjà cabossée par des années de harcèlement scolaire. Depuis la première primaire jusqu’à la première secondaire, les moqueries, les humiliations et les blessures invisibles s’étaient accumulées. Ensuite, j’ai changé d’école, encore et encore, en espérant trouver un peu d’air. Mais il me fallait plus qu’un nouveau cadre : il me fallait une échappatoire.
C’est là que la photographie est entrée dans ma vie. Une caméra entre les mains, et tout changeait. J’apprenais à voir le monde autrement, à chercher la beauté dans les détails, à capturer ce qui m’échappait quand j’étais perdue dans mes pensées. La photo m’a permis d’exister différemment : non plus comme la cible des autres, mais comme l’œil qui observe, qui crée, qui choisit ce qu’il décide de montrer. Mon entrée à l’IATA, dans une section artistique, a été une étape décisive. C’était comme respirer enfin après avoir longtemps manqué d’air. Là-bas, je pouvais être moi, entourée de personnes qui comprenaient la valeur d’un regard sensible et d’une expression créative.
Mais ce n’est pas tout. L’autre sauvetage est venu de l’écriture. L’écriture, c’est ma façon de vider ce que je porte à l’intérieur. C’est traduire en mots les douleurs, les colères, mais aussi les rêves et les espoirs. Poser tout cela sur papier, c’est déjà un soulagement. Mais le partager, le faire lire, c’est encore plus fort : ça me relie aux autres, ça transforme mes cicatrices en histoires, mes blessures en voix.
Aujourd’hui, je peux dire que l’art ne m’a pas seulement sauvée. Il m’a construite. Sans lui, je serais restée enfermée dans les ombres du passé. Grâce à lui, j’ai trouvé une manière d’exister, de me relever, et surtout, de continuer à avancer.
